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Changer l'eau des fleurs


Déjà lu en 2021 et élu mon coup de ❤️ de l'année. Moi qui n'aime pas relire les livres (car il y en a tellement d'autres à découvrir) je savais que celui-ci je le relirai. C'est avec grand plaisir et envie que j'ai relu le roman pour le club de lecture de novembre.

Pourquoi va-t-on vers des livres comme on va vers des gens ? Pourquoi sommes-nous attirés par des couvertures comme nous le sommes par un regard, une voix qui nous paraît familière, déjà entendue, une voix qui nous détourne de notre chemin, nous fait lever les yeux, attire notre attention et va peut-être changer le cours de notre existence ?

Changer l'eau des fleurs de Valérie Perrin, éd. Albin Michel, 2018 ; éd. livre de poche, 2019.


En me couchant, je pense que je n'aimerais pas mourir au milieu de la lecture d'un roman que j'aime.

Récompenses

2018 : prix Maison de la presse

2019 : prix Jules-Renard (fiction),

prix des lecteurs corréziens,

prix des lecteurs du Livre de poche (cat. littérature).


Autrice

Valérie Perrin, romancière française, scénariste et photographe plateau, est l'autrice de trois romans à succès : Les oubliés du dimanche, Changer l'eau des fleurs et Trois.


Quatrième de couverture

Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu'elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu'un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l'on croyait noires, se révèlent lumineuses.


Personnages

  • Violette Trenet épouse Toussaint: orpheline, mariée à Philippe, mère de Léonine. D'abord garde-barrière à Malgrange-sur-Nancy puis garde-cimetière à Brancion-en-Chalon.

  • Philippe Toussaint : mari de Violette.

  • Léonine Toussaint, dite Léo : fille de Violette et Philippe.

  • M. & Mme Toussaint : les parents de Philippe

  • Luc & Françoise Pelletier.

  • Julien Seul : commissaire de police, fils d'Irène

  • Norbert, dit Nono, Gaston & Elvis: les fossoyeurs, amis de Violette

  • Pierre, Paul & Jacques Lucchini: trois frères tenant les pompes funèbres de Brancion-en-Chalon.

  • Sasha : garde-cimetière précédent, jardinier et rebouteux à ses heures. Sauveur de Violette.

  • Le père Cédric Duras : prêtre de Brancion-en-Chalon, ami de Violette.

  • Célia, la première amie de Violette, rencontrée lors d'une grève de trains.

  • Stéphanie : caissière à la supérette de Malgrange.

  • Irène Fayolle épouse Seul

  • Gabriel Prudent


Mon avis – ⭐⭐⭐⭐⭐

J'ai relu ce roman avec tendresse et avidité. Tendresse car Violette, le personnage principal est, touchante et attachante. Le récit a une intrigue bien ficelée. On découvre Violette une femme garde-cimetière, bien entourée des équipes de travail qui sont plus que des collègues mais aussi de vrais amis. Elle fait la connaissance de Julien d'une manière bien étonnant. Celui-ci souhaite poser les cendres de sa mère sur la tombe d'un homme qui lui est totalement inconnu. Parallèlement à cela on découvre d'où Violette vient, qu'est-ce qui l'a mène à cette vie. Très vite sa vie passée tisse de multiples histoires, de multiples personnages. Le malheur, le destin, la joie, l'amour, la maternité. La vie de Violette n'est pas de tout repos. Dans sa vie chaotique, le 3 septembre 1986, Violette devient maman. Elle n'est plus l'orpheline, elle fonde sa propre famille.


Lors de la première lecture, j'ai pris mon temps pour lire ce roman. Je ne voulais pas le refermer. Je profitais de chaque détail pour ne pas arriver au dénouement de peur d'être déçue. Là j'ai profité de chaque détail cherchant ce que je n'ai pas vu la première fois ; essayant de mieux comprendre les personnages.


Le texte n'impose aucune émotion. Il lie et délie les histoires. On apprend à découvrir chaque personnage de l'intérieur, les façades tombent. Qui est Philippe Toussaint, ce coureur de jupons silencieux, que s'est-il passé dans la nuit du 13 au 14 juillet 1993 ? Les personnages se croisent, de la violence, de la douceur, des amitiés, de l'amour...la vie avec ses hauts et ses bas.

J'ai été très touchée par ce roman qui parle de la vie, de la mort, du deuil, de la force, du courage. Mais aussi de l'amitié, de la solidarité, de la vérité.

Valérie Perrin signe un roman fort dans un écrin de douceur. Le personnage de Violette est une femme forte qui se relève à chaque fois des épreuves qu'elle endure.


C'est un coup de cœur, même après une seconde lecture. Je continuerai à conseiller ce roman. Et je suis sûre qu'un jour je le relirai. 🤩


Citations

La mort d'une mère est le premier chagrin qu'on pleure sans elle.
Le temps détricote le chagrin. Aussi immense soit-il. Sauf le chagrin d'une mère ou d'un père qui a perdu son enfant.
J'ai tenté de lui rendre son sourire tant bien que mal. Sourire, je ne savais plus. Tout en lui était bonté, tout en moi était fracassé. J'étais en ruine.
Oui, une racine peut prendre vie dans du goudron. Il suffit d'une micro-fissure pour que la vie pénètre à l'intérieur de l'impossible. Un peu de pluie, de soleil et des souches venues d'on ne sait où, du vent peut-être, apparaissent.
J'adore rire de la mort, me moquer d'elle. C'est ma façon de l'écraser. Comme ça, elle fait moins son importante. En me jouant d'elle, je laisse la vie prendre le dessus, prendre le pouvoir.
Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait N'employez pas un temps différent Ne prenez pas un air solennel ou triste Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble
Mon père, il faut bien que les gens pèchent, sinon votre confessionnal serait vide. Le péché c'est votre fonds de commerce. Si les gens n'avaient plus rien à se reprocher, il n'y aurait personne sur les bancs de votre église .

Oraison funèbre – (attention spoiler)


« Tu n’enterreras pas ta vie de jeune fille.

Tu ne fêteras pas les Catherinettes.

Tu ne danseras pas de slows.

Tu n’auras pas de sac à main ni de règles douloureuses.

Tu n’auras pas d’appareil dentaire.

Je ne te verrai pas grandir, grossir, souffrir, divorcer, faire des régimes, enfanter, allaiter, aimer.

Tu n’auras pas d’acné ni de stérilet. Je ne t’entendrai pas mentir.

Je n’aurai pas à te couvrir ni à te défendre.

Tu ne piqueras pas de sous dans mon porte-monnaie. Je n’ouvrirai pas de livret A pour te mettre l'abri

Tu ne prendras pas la pilule.

Je ne verrai pas tes rides et tes taches apparaître, ta peau d'orange, tes vergetures.

Je ne sentirai pas l’odeur du tabac sur tes vêtements, je ne te verrai pas fumer, puis arrêter de fumer.

Je ne te verrai jamais saoule ni défoncée.

Tu ne réviseras pas ton bac de français devant Roland-Garros, tu ne t’en prendras pas à Mme Bovary, « cette pauvre meuf », ni à Marguerite Duras, ni à tes profs.

Tu n’auras pas de scooter ni de chagrin d’amour.

Tu ne rouleras pas de pelles, tu ne jouiras pas.

On ne fêtera pas ton bac.

On ne trinquera jamais ensemble.

Tu ne mettras pas de déodorant, tu n’auras pas l'appendicite.

Je n’aurai pas peur que tu montes en voiture avec n’importe qui. Ça, tu l'as déjà fait.

Tu n’auras pas mal aux dents.

On n’ira pas aux urgences en pleine nuit.

Tu ne pointeras pas à l’ANPE.

Tu n’auras pas de compte en banque, ni de carte étudiante, ni de carte jeune, ni de numéro de sécurité sociale, ni de cartes de fidélité

Je ne connaîtrai jamais tes goûts, tes attirances. Quels vêtements, quelle littérature, quelle musique, quel parfum.

Je ne te verrai pas faire la gueule, claquer les portes, faire le mur, attendre quelqu’un, prendre un avion.

Tu ne partiras pas. Tu ne changeras pas d'adresse.

Je ne saurai jamais si tu te ronges les ongles, si tu mets du vernis, de la poudre aux yeux, du Rimmel. Ni si tu es douée pour les langues étrangères.

Tu ne changeras jamais de couleur de cheveux.

Dans ton cœur, tu garderas Alexandre, ton amoureux du CE1.

Tu n’épouseras personne.

Tu seras toujours Léonine Toussaint. Mademoiselle.

Tu n’aimeras jamais que le pain perdu, les omelettes, les frites, les coquillettes, les crêpes, le poisson pané, les œufs à la neige et la chantilly.

Tu grandiras autrement, dans l’amour que je te porterai toujours. Tu grandiras ailleurs, dans les murmures du monde, dans la Méditerranée, dans le jardin de Sasha, dans le vol d’un oiseau, au lever du jour, à la tombée de la nuit, à travers une jeune fille que je croiserai par hasard,dans le feuillage d’un arbre, dans la prière d’une femme, dans les larmes d’un homme, dans la lumière d’une bougie, tu renaîtras plus tard, un jour, sous la forme d’une fleur ou d’un petit garçon, chez une autre maman, tu seras partout là où mes yeux se poseront.

Là où mon cœur demeurera, le tien continuera de battre. »


Les mots de la fin

« Un seul être nous manque et tout est dépeuplé. Que veux-tu que je devienne si je n'entends plus ton pas, est-ce ta vie ou la mienne qui s'en va, je ne sais pas.

Il manquera toujours quelqu'un pour faire sourire ma vie, toi.

Parler de toi, c'est te faire exister, ne rien dire serait t'oublier.

Gentil papillon, ouvre tes jolies ailes et va sur sa tombe lui dire que je l'aime.

Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai.

Fauvette, si tu voles au-dessus de cette tombe, chante-lui ta plus douce chanson.

Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis.

Aucun jour ne passe sans que nous pensions à toi ».



En bref, vous connaissez le roman, likez, commentez, partagez.

Vous ne le connaissez pas courez le lire et revenez m'en parler. 😉


Callie

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