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Nouvelle courte

Dernière mise à jour : 27 oct. 2022

Aujourd'hui pas de lecture. De l'écriture. Je partage avec vous une courte nouvelle que j'ai écrite lors d'un club d'écriture.


Silence et secret

Dans un village, tout proche d'une grande agglomération, vit le jeune Théo, six ans. Ce jeune garçon cache un terrible secret.


Chaque matin, le réveil sonne à six heures trente. Je me laisse du temps avant de réveiller les enfants. Me doucher, m'habiller et préparer les petits déjeuners. Clara se réveille toute seule vers sept heures vingt , mais mon petit Théo ne se lève pas sans un câlin dans son lit.

C'est un petit garçon lumineux, plein de vie. Comme les garçons de son âge il aime courir, grimper aux arbres, sauter dans les flaques d'eau, faire du vélo et collectionner des bandes dessinées que son grand-père lui a léguées. Il ne lit pas encore mais il y tient énormément et chaque soir avant de dormir il les feuillette. Voilà six mois que ce rituel est mis à mal, car à vingt heures, Théo ne veut plus se retrouver seul dans sa chambre. J'ai bien tenté de lire les BD avec lui, de lire d'autres livres mais rien n'y fait. Il y a certains soirs je ne quitte la chambre qu'après vingt-trois heures, quand Théo est enfin calme et endormi. Mais le calme ne dure pas bien longtemps. Dès deux heures du matin, il est réveillé. Parfois il se réveille en hurlant, tout en sueur, l'effroi et la peur marqués sur son visage d'enfant. D'autres fois il m'appelle et je reste près de lui. Impossible de le laisser seul ni de lui faire quitter la chambre. J'ai essayé d'en parler avec lui, lors du petit déjeuner , lors de ses jeux ou dans des temps calmes quand sa sœur est à l'athlétisme. Rien. Il ne me dit rien. J'ai même l'impression qu'il a oublié la nuit précédente. Éveillé entre deux heures et quatre heures trente, serré contre moi, tremblant, au petit déjeuner Théo redevient l'enfant souriant, plein de vie.


À l'école, la maîtresse ne voit aucun changement. Il y est un enfant doux, à l'écoute et appliqué. Il fait du judo le mardi après l'école, il y va avec plaisir et me raconte ce qu'il y fait, ce qu'il y apprend et les pitreries de Pablo, son copain de la maternelle.


Démunie face à ces nuits sans sommeil, ces nuits de terreur pour Théo, j'ai pris conseil auprès d'une psychologue. Depuis six semaines qu'elle rencontre Théo deux fois par semaine, ce qu'elle me révèle me laisse perplexe. Mon fils de six ans cache un secret. Il lui a avoué. Mais il n'a rien dit de plus.

Lors d'un entretien tous les trois dans le bureau, assis sur de petites chaises de bois autour d'une table, bleu pastel, il n'a pas ouvert la bouche malgré la douceur de la psychologue. En sortant il m'a surprise.

Après être monté dans la voiture il m'a dit:

« - Est-ce que Séverine t' a raconté tout ce que je lui ai dit ?

- Non, Théo. Je sais seulement que tu as un secret et que c'est lui qui hante tes nuits. Tu veux m'en parler ? »

Le silence a gagné la voiture jusqu'au stade, lorsque Clara et sa bonne humeur nous ont rejoints dans la voiture.


Un secret. Les adultes appellent ça un secret. Mais pour moi, c'est plutôt quelque chose d'effrayant. Un secret, c'est la semaine dernière quand Clara m'a dit de ne pas raconter à maman que je l'avais vue allumer une cigarette dans la salle de bain. Je suis malin, ce secret je le garde si Clara me donne deux euros sur l'argent de poche que maman lui donne. Mais l'effrayant j'en fais quoi ? Si je raconte que va-t-il se passer ?


La semaine dernière j'ai failli le raconter à mon copain Pablo, il m'avait invité à dormir chez lui. C'est peut-être la solution de ne plus dormir dans ma chambre. Mais si je crie chez Pablo et que je ne peux pas dormir qui sera là pour m'aider ? Ça m'aide beaucoup quand maman passe la nuit dans ma chambre. Et d'abord pourquoi j'ai si peur dans ma chambre ? Ce n'est pas là que j'ai vu l'effrayant ! Ma chambre que j'aimais tant, me fait si peur maintenant. Maman a tout tenté : laisser la porte ouverte pour que je puisse voir la lumière du couloir, acheter des veilleuses qui changent de couleurs. La lumière n'y change rien quand je suis dans ma chambre, seul, avec ou sans lumière, je revois. Je revois cet homme qui derrière l'école a enfoncé un couteau dans le cou d'un garçon. Puis il l'a traîné dans la ruelle sombre. Celle dans laquelle on n'a pas le droit d'aller. J'étais seul à la grille. Quand l'homme a disparu dans la ruelle il y avait du sang partout sur le trottoir.


Callie

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